De la traduction à la chancellerie
Bien qu’elle ne travaille au Tribunal que depuis un an, cela fait huit ans que Mélissa Blin habite à Saint-Gall et elle s’y sent chez elle. Originaire d’un petit village situé sur la route des vins en Bourgogne en France, elle se passionne pour les langues depuis petite. C’est pourquoi elle a commencé des études à Dijon en langues étrangères appliquées, spécialité allemand-anglais, qu’elle a achevées à Strasbourg dans le cadre d’un master en traduction. Son affinité avec la langue de Goethe prend source dans sa volonté de communiquer avec les autres jeunes du village lors d’un échange franco-allemand en Allemagne quand elle était adolescente. Professionnellement, elle se tourne donc logiquement vers le domaine de la traduction. Il y a huit ans, le hasard de la vie fait qu’elle trouve un poste de traductrice à Saint Gall.
Pendant ses études, Mélissa avait abordé des sujets juridiques, ce qui lui a bien plu. C’est donc tout naturellement que lorsqu’elle entame une reconversion professionnelle, elle saisit l’opportunité de venir travailler à la chancellerie de la Cour VI. Ses connaissances préalables lui sont très utiles dans sa nouvelle fonction. Ainsi, pour elle, disposer de bases approfondies en droit n’est pas une nécessité, mais est fortement recommandé. Même si le droit qu’elle avait abordé à l’université était français, il lui a ouvert une sensibilité aux thèmes juridiques. En effet, Mélissa rappelle que « le droit c’est particulier, il faut avoir une certaine affinité avec lui pour pouvoir travailler dans ce domaine ».
«Notre travail est parfois sous-estimé alors que c’est un travail qui requiert beaucoup de minutie et de concentration, il y a beaucoup d’éléments auxquels penser et à prendre en compte.»
Mélissa Blin
Le travail en chancellerie est minutieux
Si Mélissa devait résumer la fonction d’une chancellerie, elle tiendrait dans l’expression « rôle de filet de sécurité et d’interface entre le Tribunal et les parties ». Cette fonction d’interface est cruciale car la quasi-totalité des prises de contact entre les parties et la Cour passe par la chancellerie, que ce soit par l’envoi de courriers, les échanges par courriel et téléphone, l’envoi des décisions, la préparation des recours entrants, etc. Mélissa se définit volontiers comme « secrétaire juridique en cours d’apprentissage du droit » plutôt que collaboratrice de chancellerie, terme qu’elle trouve trop vague. « Notre travail est parfois sous-estimé alors que c’est un travail qui requiert beaucoup de minutie et de concentration, il y a beaucoup d’éléments auxquels penser et à prendre en compte. » La minutie est en effet singulièrement importante pour la chancellerie dans sa fonction de filet de sécurité, notamment lors de la vérification du rubrum, du dispositif et des modes d’envoi des arrêts et autres décisions, mais aussi de la mention de certaines dispositions, comme c’est le cas pour la feuille fédérale.
Garder les pieds sur terre
Ce qui lui plaît avant tout dans ce métier, c’est son aspect diversifié et stimulant. Il n’y a pas de place à l’ennui et il est toujours possible de se perfectionner. Cela implique évidemment qu’il faille faire preuve « de flexibilité, de résilience et d’une certaine maîtrise de soi ». Après une journée de travail, Mélissa participe souvent à des cours de fitness et de spinning pour se défouler, se ressourcer et trouver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Le multilinguisme est également un élément essentiel du travail à la chancellerie. Pour Mélissa, il s’agit peut-être du point le plus important, et il est évident pour elle que la connaissance de l’allemand est capitale.
Par ailleurs, l’aspect humain revêt aussi son importance. La Cour VI traite en effet de matières telles que l’asile et le droit des étrangers où l’interaction humaine joue un rôle particulier et parfois complexe. Il arrive que la chancellerie reçoive des appels de recourants désespérés ou soit confrontée à des images difficiles dans le cadre de la constitution d’un dossier. Pour Mélissa, ce genre de situation « permet de garder les pieds sur terre et de prendre conscience du monde dans lequel on vit et de la chance que l’on a ».
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