Précision, détermination et son de cloches
L’ambiance est détendue; pas vraiment surprenant lorsqu’on sait que Svenja Keller et Samuele Di Santo viennent d’apprendre qu’ils ont réussi leur apprentissage. Après un premier tour de félicitations, les deux employés de commerce nouvellement promus, désormais titulaires d’un certificat fédéral de capacité, répondent joyeusement à nos questions sur leur apprentissage.
Svenja et Samuele, quelle était votre vision de la justice avant de commencer votre apprentissage et comment a-t-elle évolué depuis?
Svenja: Très franchement, je n’en avais aucune. Mon image des tribunaux était celle des films américains. Mais, à part ça, je n’avais aucune expérience de ce domaine.
Samuele: Pareil pour moi. J’avais bien déjà entendu parler du Tribunal fédéral, mais sans plus. J’imaginais un homme âgé, qui frappe avec un marteau sur le pupitre quand il a quelque chose à dire. C’est très différent ici, et, plutôt que le marteau, c’est le son des cloches de vache qu’on entend… (rires).
Svenja: Ce qui m’a impressionnée surtout, c’est tout le travail que demande un arrêt. Il y a aussi bien plus de liens entre les différentes décisions que ce que j’imaginais. Et l’administration du tribunal joue elle aussi un rôle central.
Samuele: Ce qui a changé dans ma vision de la justice, c’est l’autorité publique. En prenant des arrêts déterminants, qui concernent tout le monde, nous assumons une responsabilité démocratique. C’est quelque chose qui va bien au-delà des films américains.
Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqués durant votre apprentissage au tribunal ?
Samuele: J’ai le sentiment d’avoir mûri au contact des collègues plus âgés, notamment avec les juges. Mais j’ai aussi appris que les tâches que je n’aime pas faire font partie du quotidien et doivent être faites. J’ai donc beaucoup appris, non seulement sur le plan professionnel, mais aussi sur le plan humain.
Svenja: Absolument d’accord. Toutes les personnes avec lesquelles on a pu collaborer au tribunal forment une panoplie étonnante de personnalités, d’histoires et d’exigences différentes. Cette diversité m’a obligée à m’adapter constamment, c’est ça qui m’a marquée et qui m’a été très utile personnellement.
Vous êtes les plus jeunes des 400 collaborateurs dans la maison. L’avez-vous ressenti ?
Samuele: Oui, bien sûr, mais je ne vois pas du tout ça de manière négative. C’est vrai que je m’exprime autrement au bureau ; j’utilise d’autres termes qu’en parlant entre collègues.
Svenja: Ce ne sont pas seulement les mots qui changent : les sujets aussi sont complètement différents. Par exemple, pendant les pauses, il était question des enfants ou de relations privées, mais pas de nos soirées. Je me suis adaptée, et j’ai vite compris ce que je pouvais raconter ou non. Il n’y avait d’ailleurs pas grand-chose à dire sur les soirées ces derniers mois.
Samuele: Et bien sûr j’ai aussi souvent remarqué qu’il me manquait encore de l’expérience dans les travaux quotidiens. Après la période d’intégration, très intense, je me suis toujours senti comme un collaborateur à part entière. Je n’ai jamais eu des jobs refilés aux apprentis, comme d’autres de mes collègues !
Sur quels points votre génération a-t-elle une longueur d’avance sur les autres ?
Svenja: C’est simple. Tout le volet numérisation n’a pour nous sûrement rien de nouveau, ni de compliqué. Et concrètement, dans la mesure où nous voyons tous les domaines, nous pouvons aussi, en tant qu’apprentis, certainement développer au TAF un esprit plus transversal entre les cours ou les secteurs du secrétariat général. C’est utile des fois, quand les positions sont arrêtées, de pouvoir donner une autre perspective et de faire mieux comprendre les choses.
Samuele: Et dans ce sens, je vois aussi encore un élément important que peuvent apporter les apprentis au tribunal : contribuer à améliorer la collaboration. Pratiquement tous les secteurs ont pu profiter du soutien technique et des connaissances de notre génération.
Svenja, tu as fait ta maturité avant d’entrer en apprentissage raccourci en 2019 au TAF. Samuele, qui était déjà là depuis une année, t’a-t-il montré la voie au début ?
Svenja: Au début, certainement, parce qu’il a pu m’expliquer bon nombre de processus, notamment pour ce qui est de l’école. Mais ensuite, d’une manière générale, on avait peu de dénominateurs communs, puisqu’on ne travaillait jamais dans la même équipe en même temps. Maintenant, dans la phase des examens finaux, c’était bon d’avoir une sorte de « compagnon d’infortune » et c’était rassurant de l’entendre raconter que son plan d’apprentissage n’était pas non complètement réalisé (rires).
Samuele: Oui, c’est vrai, ça faisait du bien. C’était bon de pouvoir se raconter mutuellement ce qui nous attendait dans les différents secteurs et cours.
La joie de vivre incarnée
Svenja Keller, originaire de Weinfelden, a terminé sa scolarité dans le canton de Thurgovie. Après avoir été pendant un an assistante de classe dans une école primaire, son chemin l’a menée au tribunal à Saint-Gall, où elle a suivi un apprentissage raccourci d’employée de commerce CFC (profil E) sur deux ans. Svenja est une « quasi millenium », puisqu’elle est en née en décembre 1999. Elle partage ses loisirs entre la nature, l’équitation et ses amis. Polyglotte, elle parle l’allemand, le français, l’anglais et l’espagnol - un don qui lui a été utile au tribunal.
Fan d’Inter
Samuele Di Santo, 18 ans, a grandi à Saint-Gall, où il a terminé sa scolarité à l’école secondaire de la « Buebeflade ». Il est entré au tribunal en 2018 pour y suivre un apprentissage de commerce CFC (profile E) sur trois ans. S’il ne cache pas son attachement à ses racines sud-italiennes, son cœur bat d’abord pour l’Inter de Milan. Passionné de sport en général, il pratique le football et suit de très près les courses de formule 1. Seule exception : le ski, qu’il n’apprécie pas particulièrement, faute d’aimer le froid. Enfin, il se démarque par sa disponibilité et son honnêteté, qualités qui ont été appréciées de tous au tribunal.
Comment vous décririez-vous l’un l’autre ?
Samuele: Euh, c’est difficile. On passe pas mal de temps ensemble, bien sûr, mais on ne se voit pas vraiment à l’œuvre.
Svenja: Bon, je commence. Samuele est quelqu’un de très déterminé.
Samuele: Effectivement, cela me correspond bien. (rires)
Svenja : Il sait ce qu’il se veut et où il veut aller. Ça n’a pas forcément été évident à appliquer, mais je l’ai toujours ressenti comme quelqu’un d’ouvert. Il se montrait aussi réceptif aux critiques quand on travaillait ensemble et savait bien les gérer.
Samuele: Nos travaux en commun m’ont surtout montré que Svenia est très précise. Elle met un point d’honneur à bien faire les choses et elle y arrive. Quand je recevais quelque chose qu’elle avait préparé, je me disais souvent « Wow, nickel ».
Svenja: Ah, merci !
Et de là, où se poursuit votre chemin ? Comptez-vous rester dans la justice ?
Svenja : Pour ma part, je vais certainement rester un an de plus au tribunal et travailler à la chancellerie de la Cour I. Ensuite, je me vois bien travailler à un autre poste dans la justice, par exemple comme assistante juridique. Ou alors en milieu scolaire – ce qui compte pour moi est d’avoir une activité variée. Je recommanderais sans hésiter un apprentissage au tribunal à quelqu’un qui recherche la diversité, tout en voulant rester bien encadré. Cela dit, je chercherai un poste en dehors du tribunal à cause des trajets, histoire aussi de voir autre chose.
Samuele: Je vais entrer en maturité professionnelle l’année prochaine, tout en travaillant à temps partiel au tribunal, dans la Cour IV. Puis, il faudra que je pense à mon service militaire et ensuite on verra. Peut-être que je poursuivrai des études de droit ou alors de HEP. Je ne sais pas trop pour l’instant, mais cela ne m’inquiète pas. Quand on a si bien choisi son apprentissage à 14 ans, on en est capable aussi à 18 ans, au moment de choisir une profession. Je peux bien m’imaginer de rester au tribunal et de devenir un jour responsable de chancellerie.
«Je recommanderais sans hésiter un apprentissage au tribunal à quelqu’un qui recherche la diversité, tout en voulant rester bien encadré.»
Svenja Keller
Tu envisages donc déjà une fonction dirigeante. Comment cela t’est-il venu ?
Samuele: Je crois que j’ai des qualités dirigeantes. Je m’en suis rendu lors de la crise du coronavirus, lorsque les apprentis ont été appelés à prendre des responsabilités sur place. Je me suis alors dit que je pouvais y arriver si je le voulais. Et puis, j’ai bien compris le fonctionnement du tribunal : ce serait un avantage à un tel poste.
Svenja et Samuele, un grand merci à tous les deux et nous vous souhaitons le meilleur pour la suite?
Svenja: Merci, nous nous sommes équipés ici pour réussir.
Samuele: … et nous en remercions le tribunal de tout cœur !
Plus d'articles de blog
Fière de faire partie du tribunal
Noemi Graf, 20 ans, a effectué son apprentissage d’employée de commerce CFC au Tribunal administratif fédéral. Diplômée en 2020, elle travaille depuis à temps partiel dans une chancellerie de cour. Sur le blog du TAF, elle revient sur ses trois années de formation.
Première expérience professionnelle
Le TAF compte dans ses rangs en moyenne vingt-quatre stagiaires académiques par année qui travaillent dans les Cours mais également au sein du Secrétariat général. Quentin Crettol, stagiaire à la Cour II nous parle de sa première expérience professionnelle au TAF.