«J’ai connu le TAF avant même qu’il naisse»

Le juge Pietro Angeli-Busi explique comment il est entré en contact avec le Tribunal administratif fédéral déjà avant que l’institution ne soit créée ; et s’il souhaite changer de cour pour la seconde fois.

14.10.2022 - Rocco Maglio

Partager
Portrait du Pietro Angeli-Busi
Le juge Pietro Angeli-Busi connaît le TAF depuis plus longtemps que d'autres. Photo: Lukas Würmli

La porte de son bureau est ouverte. Sur la table, bien rangée, sont empilés de nombreux dossiers. Avec calme, il feuillette le classeur pour remettre soigneusement à leur place les documents qu’il a en main. On comprend qu’il est immergé dans ses lectures. Il ne remarque pas tout de suite le visiteur qui s’est présenté sur le pas de sa porte. « Oh, excuse-moi, entrez je vous prie ! », dit-il gentiment en levant les yeux. Dans une tenue élégante et sobre, il a le sourire sympathique et avenant. Aux parois de son bureau sont accrochés plusieurs cadres, dont un historique de la Conférence de Locarno du 16 octobre 1925 hérité de son arrière-grand-père. Les étagères sont pleines, et plusieurs ouvrages sont également posés sur la petite table destinée aux entretiens. Pietro Angeli-Busi est juge au Tribunal administratif fédéral depuis 2008. Il avait pourtant entendu parler de l’institution déjà quatre ans avant sa création. En 2003, alors qu’il travaillait pour l’Office fédéral de la justice, son bureau était situé au même étage que celui de Christoph Bandli. En charge des travaux liés à la constitution du tribunal (puis premier président du tribunal), ce dernier avait l’habitude de consulter l’intéressé dans la rédaction des textes en italien. « J’ai donc connu le TAF avant même qu’il naisse ».

Juge multidisciplinaire

Pietro Angeli-Busi, père d’un fils aujourd’hui de treize ans, a commencé par travailler comme juge à la Cour IV avant de passer à la Cour II en 2012. Œuvrer à la jurisprudence en matière d’asile était pour lui intéressant. Ayant toutefois une expérience de juriste dans le droit économique, notamment en matière de recyclage d’argent, il a profité d’une occasion qui se présentait pour changer de cour. « Le mode de travail peut varier d’une cour à l’autre », relève le juge : la différence se joue sur le plan quantitatif notamment. Dans le domaine de l’asile, les dossiers sont généralement moins volumineux et on peut ainsi liquider plusieurs affaires par jour. La Cour II en revanche traite souvent de questions juridiques complexes et nouvelles. Ce n’est pas pour autant qu’il travaille moins : « Le rythme est plus lent, mais l’intensité reste élevée ». Pour l’instant, il n’a pas l’intention de changer à nouveau de cour. Cependant, si la charge de travail le permet, il prête volontiers main forte à d’autres cours. L’année passée, par exemple, il a travaillé sur des dossiers de la Cour III concernant l’assurance-invalidité.

«Le mode de travail peut varier d’une cour à l’autre.»

Pietro Angeli-Busi

Nostalgie de l’italianité

Au cours de la conversation, toujours avec le sourire, Pietro Angeli-Busi raconte aussi des anecdotes de sa vie privée. II a grandi au Tessin, mais peu lui importe la région de Suisse alémanique dans laquelle il vit et travaille, car il est capable de s’intégrer partout. « Je fais partie des gens qui étaient contents de devoir quitter le Tessin à 18 ans pour faire des études universitaires ». Lever l’ancre et se lancer dans la vie adulte. Notre juge est à l’aise en Suisse alémanique, mais il sent monter en lui, au fil des années, le désir de passer plus de temps là où se trouvent ses racines. Parce que « la vie latine est belle, c’est indiscutable ».

Plus d'articles de blog